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Caroline Prigent, cofondatrice de Poco Loco : L’aventure à vélo, un combat féministe

02 août 2023

10 min

Par Frédérique Josse

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Le Petit Récap' - L'article en Bref 🟠

Caroline Prigent, c'est le genre de femme ultra-badass et hyper smart qui te rend fière d'être une femme. Qui te donne envie de rejoindre son gang de fans d'outdoor. De faire 700 km avec elle, pour relier Montpellier à Barcelone.

J'ai adoré la rencontrer, adoré l'entendre parler de sa passion pour le voyage à vélo et l'aventure. J'ai admiré sa force, mais aussi son humilité, sa sensibilité.

Elle a créé Poco Loco, à mi-chemin entre l'agence de voyage et la course ultracycliste ouverte à tous, avec l'idée de révolutionner le voyage à vélo.

Elle m'a expliqué comment elle créait des aventures, comment elle faisait en sorte qu'elles respectent ses valeurs, notamment environnementales et féministes, mais aussi comment le vélo transformait profondément les gens.

Au menu*
*un sommaire en gros

Caroline Prigent, co-fondatrice de Poco Loco

Aventure + vélo + environnement + féminisme : voilà les ingrédients que Caroline Prigent cherche à mélanger dans son beau projet, Poco Loco. Entre l’UCPA et IronMan, ces odyssées à deux-roues visent à découvrir sa propre puissance, pour effectuer son “shift écologique”.



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Hello Caroline ! On aimerait bien en savoir plus sur toi et sur le projet que tu as cofondé avec Harald Lenud-Pilc, Poco loco ?

Je m’appelle Caroline, j’ai travaillé pendant 10 ans dans le conseil en développement durable. Je pratique depuis longtemps le triathlon et je suis accro à l'ultra-cyclisme, Un jour, j’ai eu envie de faire de cette passion un projet entrepreneurial engagé dans le combat féministe. J’ai rencontré Harald, qui avait la même volonté que moi. Ensemble, on a créé Poco Loco, un évènement d’ultra-cyclisme qui a pour objectif d’aider les femmes à oser partir à l’aventure. La première édition a eu lieu le 9 octobre 2022. 150 participants sont partis de Montpellier pour rallier Barcelone, dont 35% de femmes.


Ça veut dire quoi, concrètement, oser partir à l'aventure ?

Poco Loco se situe entre l’agence et la course, entre l’UCPA et Ironman. Concrètement, on organise des aventures en apportant des beaux tracés sur des itinéraires précis, comme Montpellier-Barcelone, Dijon-Stuttgart, Aix-en-Provence-Milan, pour lesquels, à chaque fois, on prévoit : accueil et arrivée des cyclistes, escale, vérification du matériel, assistance permanente et communication.

Il y a trois formules. Les classiques, des courses d’ultracyclisme de 700 km avec un checkpoint. Les Bikepacking expérience, le format convivialité, parce que tu te retrouves le soir avec les autres participants. Et les week-ends, où on part à la découverte d’une région ou d’une thématique : ce sont des itinéraires de 300 km où l’on traverse les plus beaux villages, canyons, cascades et lieux emblématiques de la région. Les gens peuvent bivouaquer ou aller à l’hôtel. C’est un format qui permet de partir en quête de soi, c’est une école incroyable de l’autonomie. Mais contrairement aux courses, qui promeuvent souvent le “on ne se parle pas”, nous chez Poco Loco, on tient beaucoup à rassembler autonomie et convivialité.


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Poco Loco a aussi des engagements environnementaux très forts, pourrais-tu m'expliquer ?

Oui, notre mission est d’encourager le voyage bas-carbone, responsable et inclusif. Donc, après chaque évènement, on partage notre bilan carbone publiquement. C’est une première étape vers une stratégie carbone globale. On choisit aussi soigneusement les lieux de départ et d’arrivée pour que chacun puisse arriver et repartir en train facilement et à des tarifs raisonnables. L'idée de cet engagement était de donner un coup de pied à nos concurrents : aujourd'hui, le secteur outdoor n’est pas du tout moteur, quand bien même notre terrain de jeu est l’extérieur. Il n’y a, aujourd’hui, pas de démarche active, partagée, transparente.


« Il faut réenchanter le voyage de proximité »


L'une des missions de Poco Loco est de rendre ces courses accessibles à davantage de femmes. Pourquoi c’est important pour toi, cet engagement féministe ?

Dans le trail et le triathlon, il y a 5% de femmes. Pourquoi une telle inégalité ? C’était important pour nous de répondre à cela en structurant notre offre autour de nos engagements responsables et de notre volonté d’intégration. Par exemple, plutôt qu’une course d’ultracycliste, on se présente comme une aventure. Parce que la course, c’est la compétition et la performance, ça véhicule des valeurs masculines ou virilistes. Il n’y a qu’à observer les noms des courses : “gravelman”, “bikingman”. Tout est “man man man”, soldat, machine, surhommes…

Ce n’est pas ça que je cherche. Dans ce monde post-covid, ce n’est pas la performance qui est intéressante, c’est la gestion de l’inédit. Il faut être résilient, voir ce que le monde nous propose et être heureux. L’objectif des défis Poco Loco est de réenchanter le voyage de proximité en montrant que l’aventure n’est pas réservé aux sportifs, mais que c’est une manière d’être et de penser avant tout. Pas besoin d’être un cycliste aguerri pour faire 700 Km. Si tu as le temps nécessaire, tu les feras à ton rythme !



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D’où vient cette folie de l’outdoor ?

Mes parents m’ont fait beaucoup voyagé et j’ai habité en Nouvelle-Zélande, en Colombie et à Montréal pour mes études. Dans chacun de ces lieux, je recherchais de l’outdoor. Quand je suis revenue en France, il y a 10 ans, il fallait que je retrouve ce lien. Mais si à Montréal, en Nouvelle-Zélande, c’était facile parce que j’étais sûre que dans le lot, les gens partageaient les mêmes appétences que moi, à Paris, je me suis retrouvée avec mon groupe de potes de l’école qui n’avait jamais campé, et je ne savais pas comment sortir du périph. Alors, je suis allée au Vieux Campeur, j’ai demandé des cartes et j’ai créé ma propre micro-aventure. Très vite, avec mon club de triathlon, j’ai réalisé qu’en parcourant 60 km, je sortais de Paris et je pouvais me faire des petits weekends facilement. J’ai rencontré des gens qui, comme moi, avaient envie de se lever à 6h du mat pour faire du kayak et d’aller visiter des jolis endroits l’aprèm à vélo. J’ai trouvé un gang d’outdoor et c’est exactement ce que j’ai voulu reproduire avec Poco Loco : aider les amoureux d’aventure à se sentir moins seul et à faciliter l’outdoor.




« Avec Poco Loco, je veux créer un gang d’outdoor »



Quels sont tes souvenirs les plus forts avec le vélo ?

Quand je vivais à Montréal, j’ai commencé le triathlon. Je ne savais pas nager et j’ai acheté un vélo de route qui pesait 3 tonnes. Pendant 2 mois, tous les soirs, j’allais rouler 40 km avec ce vélo sur un parcours de circuit de course de voiture. Je cherchais des exutoires, type boxe ou rugby, mais je ne voulais pas de compétition, j’avais cette appréhension de l’échec qui me freinait énormément. Ce que j’adore dans le triathlon ou l’endurance, c’est que tu as aussi une ligne de départ, mais pas juste perdant et un gagnant. La philosophie, c’est faire de son mieux et surtout, kiffer le moment présent. Ce sport m’a apporté un équilibre intérieur et m’a ouvert au monde. C’est ça que je veux partager, ce goût de l’aventure, du territoire et de la rencontre intérieure. Je crois que c’est un triptyque essentiel pour faire un shift écologique. Quand tu réalises l’importance du territoire, tu es prêt à consommer et à penser le monde autrement.



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Que veux-tu transmettre avec Poco loco ?

On a cette volonté de créer un réseau d’entreprises responsables pour les aventuriers. On est la génération qui apprend, on n’est pas toujours les plus exemplaires, mais ensemble, on va avancer vers du mieux. Je crois qu’on est nombreux à vouloir devenir acteurs et plus simplement témoins. C’est d’ailleurs exactement ce que propose l’aventure : tu es acteur du mouvement.


« Le vélo permet aux femmes de se réapproprier l’espace, le temps et le rêve »


Comment conçois-tu tes aventures ?

On les crée à deux, avec Harald, qui a une passion de la carte et des territoires et adore raconter des histoires autour de ces traces, comme cet été où il part rouler sur les chemins de Game of Thrones, en Irlande et en Écosse. On a une seule contrainte : proposer des itinéraires de 700 km à peu près. Ensuite, on repère les plus beaux villages de France, les parcs régionaux, les gorges, les cascades, les cols et les rivières, dans des coins qui gagnent à être découvert. On veut embarquer les gens dans des endroits où ils n’ont pas l’habitude d’aller. On essaye souvent de faire traverser des frontières, parce qu’on trouve que c’est incroyablement vibrant, on a l’impression d’être un peu des cow-boys.


Tu travailles sur quels outils ?

On travaille sur Komoot et Google maps. C’est une énorme part de notre travail. J’ai dû recommencer trois fois l’un des parcours, car le gravel est très particulier à tracer. Parfois, tu es sûre d’être sur le bon chemin et boum, tu arrives sur une propriété privée ou tu te retrouves sur un chemin de VTT hard-core. Ceci dit, la trace parfaite n’existe pas, c’est un graal, une véritable quête ! Notre seul objectif est de proposer des parcours sécurisés et beaux, pour offrir une parenthèse hors du monde.

Le vélo a été un outil d'empouvoirement pour les femmes... Est-ce que tu crois qu'il peut l'être de nouveau pour reconquérir le tourisme ?

Oui, c’est un outil incroyable. Personnellement, ça m’a énormément appris, ne serait-ce qu’à prendre du temps pour moi. Car le vélo, à fortiori les longues distances, c’est du temps d’entrainement. Et ce temps-là est souvent accaparé par du temps familial ou de couple. Or nous, les femmes, nous avons moins la liberté de prendre ce temps que les hommes. Et puis, il y a l’espace. Le vélo nous permet de nous réapproprier l’espace, d’être visible. On ose être dehors et partir à l’aventure. Je t’assure que débarquer dans un PMU rempli de mecs, pas de poser de questions sur ton genre, te sentir à ta place, c’est hyper puissant ! C’est un acte politique : je suis dehors, je suis chez moi, au cœur de la cité. Et enfin, il y a aussi une troisième ré-appropriation : celle ses rêves. Moi, par exemple, mon rêve était d’habiter à la montagne quand j’avais 14 ans. Mais je me souviens que j’attendais mon prince savoyard. J’avais intériorisé le fait que mes rêves, ce n’était pas à moi de les porter. Avec le vélo, je ne me suis jamais dit ça… Et j’adore cette sensation de puissance.



« Notre but est de donner un gain d’autonomie aux gens pour leur permettre de se rencontrer soi et les autres »



Quel est ton plus beau voyage à vélo ?

La Patagonie, que j’ai fait seule il y a 3 ans. Pendant un mois, j’étais la seule maîtresse à bord. Parce que c’est ça qui est incroyable dans le vélo : à un moment, tu es seul et tu ne peux compter que sur toi, tes compétences, tes choix, avec son lot d’emmerdes. Tu casses un truc, tu ne sais pas réparer, mais tu apprends. Tu ne fais pas de concession : tu veux dormir là, tu n’écoutes que toi. C’est vertigineux ce moment : il faut que je campe, merde, je dois choisir. Tu apprivoises tes peurs, les bruits de la nuit, c’est assez animal, surtout quand tu vis en ville et que tu es habituée aux stimulus permanents. Tout d’un coup, ce silence, tu n’entends que ça. Tout d’un coup, c’est l’aventure, la vraie, la pure : la reconnexion aux instincts. Tu te concentres sur tes sensations et tu découvres un monde parallèle, c’est tellement beau.


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Est-ce que l’outdoor est réservé aux sportifs ?

Je trouve qu’il faut désacraliser le terme “sportif”. Poco loco, c’est sportif, comme la randonnée l’est. Pour autant, tu ne vas pas t’écrouler sur le ring. Oui, c’est de l’effort, du mouvement. Mais on est tous capable d’être en mouvement. Si on te laisse 8 jours, tu peut faire 700 km.


Quelle a été le plus beau retour d’un participant ?

Lisa, une femme de 62 ans, qui est arrivée avec des sacoches de l’espace, prête pour un voyage en cyclotourisme. J’ai pensé : oups, ce n’est pas le style de l’événement. Et puis finalement, j’ai très vite rabattu mes propres préjugés. Cette femme avait voyagé partout dans le monde, elle avait fait le Népal à vélo… Poco Loco doit au contraire encourager la diversité des styles. Je me souviens qu’elle a fini son aventure en 7 jours et que, quand elle est arrivée, on était tous dans un café bar après avoir visité la ville. Quand elle est arrivée, elle a eu droit à une holà, on était tous hyper émus. Tout le monde fait partie de la même aventure, à la fois collective et autonome, et c’est ça qui est puissant.

La minute culture de Caroline Prigent

Une musique pour les virages : “Un Monde Nouveau”, Feu Chatertton

Une musique pour les descentes : "Young and Beautiful", Lana Del Rey

Une musique pour les montées : “Femme Like You”, K-Maro (eh si😅)

Un podcast pour chiller sur son vélo : La Pampa à vélo

Un livre pour partir à l'aventure : L’appel de la forêt, Jack London

Tu kiffes ?
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Meet Frédérique Josse - À propos de l'auteur

Chaque jour, j'essaie de comprendre comment évolue le tourisme. J'écris sur le tourisme durable, l'outdoor et l'économie circulaire.

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