Il me conduitedevant le premier bloc et m’explique que, pour débuter, le mieux c'est les petites flèches jaunes. Il me parle des cotations et des couleurs, du jaune au noir, du bleu au vert, des inférieurs aux supérieurs. Bref, des parcours peu complexes aux extrêmement difficiles.
Quand il commencé à rajouter des lettres aux numéros, j'avoue, je perds le fil 😂. Il me dit, "ne t’inquiète pas, aujourd’hui, tout ce que tu as à faire, c’est te concentrer sur le parcours jaune.
Il pose le *crash pad (le truc bleu sur la photo) aux pieds du bloc n°1 et frotte la pierre rugueuse de sa main.
Il me montre les prises les plus intéressantes, je n’ai plus qu’à poser les pieds à l’endroit qu'il me désigne. Lorsque, le ventre un peu tendu, je me lance, j’ai la sensation que je n’y arriverai jamais.
Pour cette première ascension, je fais un peu n’importe quoi. Je tire sur mes bras sans trop pousser sur mes jambes, je reste les fesses en l’air, attirée par mon centre de gravité et j’ai peine à « développer » mes jambes. Philippe m’aide, en sécurisant mon équilibre. Et, à l’instant où mes mains touchent le sommet, mon cœur explose.
Je suis à la fois débordée de fierté et un peu contrariée. Je dis à Philippe "sans ton aide, je n’aurais sans doute pas réussi". Il me répond, "Je n'ai rien fait d’autre que te rassurer et m'explique qu’en escalade, il n’y a pas vraiment de règle à part celle d’arriver en haut . Et que c’est précisément ce que je viens de faire.
Aussitôt redescendue, je veux recommencer, me prouver que cette fois, je peux grimper seule. Philippe m’explique que ce n'est pas nécessaire, qu’un bloc réussi est un bloc réussi et qu’il vaut mieux essayer les suivants.
Alors, de bloc en bloc, on répète l’opération. Philippe derrière moi prêt à parer et moi, me hissant tant bien que mal tout en haut de rochers qui jusque-là m’avaient semblé inaccessibles. Petit à petit, je prends confiance. Je relève les fesses le plus possible pour rééquilibrer ma position, je déplie mes jambes et, j'avoue, je mets parfois le genou. Ce n'est pas "interdit" en escalade, mais on se fait chambrer parce que ce n'est pas très joli à voir, à priori...
Doucement, j’apprends à à contrôler mon impatience, je prends le temps d’observer la roche d’un peu plus près, de repérer les marques blanches de ceux qui sont déjà passés par là.
À mesure que les blocs défilent, mon corps se tend de plus en plus, j’ai soif et un peu chaud, mes muscles sont parfois tétanisés.