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Toute, toute première fois
Escalade
Fontainebleau

Toute première fois : L’escalade à Fontainebleau

22 févr. 2024

4 min

Par Sandra Jacques

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Le Petit Récap' - L'article en Bref 🟠

Parfois, on a du mal à se lancer. Arpenter la nature, surtout quand on ne connaît pas, qu'on n'a pas été initié, ça fait peur.

Alors on s'est dit, chez Bouge!, qu'on allait vous partager des récits de "toute première fois" (oui, vous avez la musique en tête, youpsi 🎼 !).

Pour que vous puissiez imaginer à quoi ressemblera votre première expérience d'outdoor.

Pour ce premier épisode de "Toute première fois", notre journaliste Sandra Jacques teste l'escalade à Fontainebleau, au sud-est de Paris.

Il est possible que l'idée d'aller tâter le crampon vous chatouille samedi matin...

Au menu*
*un sommaire en gros

Quoi ? Comment ? Hein ?

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«  Quoi, t’habites à Fontainebleau et tu n’as jamais posé les mains sur un rocher ?! »


Oui, je sais. Incroyable. Je pourrais trouver mille excuses, dire qu’à la place, j’ai fait beaucoup de vélo et qu’on ne peut pas tout faire. Prétendre que, dans mon entourage, personne ne pratique l’escalade et que, finalement, je n’ai jamais été initiée. Mais la vérité, c’est que je n’ai jamais eu la curiosité d’essayer.


Jusqu’à ce jour de février. Je suis là, assise à la terrasse d’un café, il fait enfin doux, après des semaines de pluie, cette pluie qui embrume et brouille l’envie de mettre le nez dehors.


Je savoure ce soleil préprintanier lorsqu'un groupe de trois grimpeurs me passe devant, crash pads sur le dos et rire aux lèvres. Je les regarde s’éloigner avec envie et machinalement, je farfouille mon téléphone pour voir si je peux les imiter.


Je vois qu’à deux pas de mon QG, il y a une boutique spécialisée dans l'escalade, qui loue du matériel à la journée. Je me dis que ça ne coûterait rien de se renseigner. De savoir si, à tout hasard, ils ne loueraient pas un équipement pour débutant.

Une paire de chaussons à crampons à la main

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Et c’est comme ça qu’en un rayon de soleil, je me retrouve une paire de chaussons à la main, un matelas d'escalade sous le coude et le nom d’un spot en tête : la Canche aux Merciers.


Le loueur évoque un parcours pour débutant, nouvellement balisé. Il a dit "C’est bien, au moins il y a du grain. Je comprends que c'est le micro-relief adhérent de la pierre typique de Fontainebleau, constitué de bosses et non de trous, qui assure une adhérence maximale et une bonne prise. . Bref, à l’entendre, l’endroit résonne comme une promesse.


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Alors, portée par ses paroles et une certaine excitation, je m’y rends. Un peu naïve, je ne m’inquiète pas trop de grimper seule. Je sais que sur place, je trouverai bien quelques grimpeurs pour m’initier. Et ça ne loupe pas.


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Arrivée sur le site, je rencontre Philippe. Il est seul. Fascinée par l’aisance avec laquelle il embrasse la roche jusqu’à la couronner. Je l'observe un moment. Lorsqu’il s'aperçoit de ma présence, il s’approche pour échanger.


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Il me raconte qu’après plusieurs blessures, il est venu prendre l’air et renouer doucement avec ces premiers amours. Je lui explique mon envie de découvrir l'escalade, et lui demande s’il accepte de me montrer. Il sourit et, très simplement, me dit oui.

Mon premier bloc

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Il me conduitedevant le premier bloc et m’explique que, pour débuter, le mieux c'est les petites flèches jaunes. Il me parle des cotations et des couleurs, du jaune au noir, du bleu au vert, des inférieurs aux supérieurs. Bref, des parcours peu complexes aux extrêmement difficiles.

Quand il commencé à rajouter des lettres aux numéros, j'avoue, je perds le fil 😂. Il me dit, "ne t’inquiète pas, aujourd’hui, tout ce que tu as à faire, c’est te concentrer sur le parcours jaune.


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Il pose le *crash pad (le truc bleu sur la photo) aux pieds du bloc n°1 et frotte la pierre rugueuse de sa main.


Il me montre les prises les plus intéressantes, je n’ai plus qu’à poser les pieds à l’endroit qu'il me désigne. Lorsque, le ventre un peu tendu, je me lance, j’ai la sensation que je n’y arriverai jamais.


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Pour cette première ascension, je fais un peu n’importe quoi. Je tire sur mes bras sans trop pousser sur mes jambes, je reste les fesses en l’air, attirée par mon centre de gravité et j’ai peine à «  développer  » mes jambes. Philippe m’aide, en sécurisant mon équilibre. Et, à l’instant où mes mains touchent le sommet, mon cœur explose.


Je suis à la fois débordée de fierté et un peu contrariée. Je dis à Philippe "sans ton aide, je n’aurais sans doute pas réussi". Il me répond, "Je n'ai rien fait d’autre que te rassurer et m'explique qu’en escalade, il n’y a pas vraiment de règle à part celle d’arriver en haut . Et que c’est précisément ce que je viens de faire.


Aussitôt redescendue, je veux recommencer, me prouver que cette fois, je peux grimper seule. Philippe m’explique que ce n'est pas nécessaire, qu’un bloc réussi est un bloc réussi et qu’il vaut mieux essayer les suivants.


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Alors, de bloc en bloc, on répète l’opération. Philippe derrière moi prêt à parer et moi, me hissant tant bien que mal tout en haut de rochers qui jusque-là m’avaient semblé inaccessibles. Petit à petit, je prends confiance. Je relève les fesses le plus possible pour rééquilibrer ma position, je déplie mes jambes et, j'avoue, je mets parfois le genou. Ce n'est pas "interdit" en escalade, mais on se fait chambrer parce que ce n'est pas très joli à voir, à priori...


Doucement, j’apprends à à contrôler mon impatience, je prends le temps d’observer la roche d’un peu plus près, de repérer les marques blanches de ceux qui sont déjà passés par là.

À mesure que les blocs défilent, mon corps se tend de plus en plus, j’ai soif et un peu chaud, mes muscles sont parfois tétanisés.


Soulever mon corps, ce sentiment si puissant

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J’ai la tremblote en haut de chaque montée. C'est un mélange de peur, d’effort intense et de fébrilité. J’ai souvent la trouille de redescendre de mon perchoir, mais j’ai surtout la chance d’être accompagnée de patience et de bienveillance.


C’est fou parce que, avant ce jour, jamais je ne me serai cru capable de soulever ce corps, que je trouvais trop grand et encombrant. J'ai déjà eu une expérience de sport porté et je me pensais trop lourde pour réussir un tel exploit.


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Alors, chaque fois que je me sens basculer, chaque fois que je parviens au sommet, il y a eu en moi comme un éclatement de joie, un bonheur presque enfantin, une euphorie à mille degrés que provoquent tous les succès.


J’ai l’habitude de faire beaucoup de vélo, je cours aussi de temps à autre, mais il y a, dans l’escalade, quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant.


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L’ivresse de dépasser ses peurs, celle de porter son corps pour lui faire prendre de la hauteur. Une décharge d’énergie suivie d’un résultat presque immédiat. De petites victoires accumulées qui te rendent chaque fois un peu plus courageux et un peu plus aventureux.


L’échec n’a pas sa place, il n’est qu’un différé ou une partie remise et ne retranche rien aux marches déjà cochées et validées.

Et Philippe dans tout ça ?

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Entre deux ascensions, Philippe me raconte son expérience. Il a commencé l’escalade après avoir visionné un reportage sur Edlinger, le plus célèbre des grimpeurs français, et ça avait fait comme un déclic.


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Philippe a débuté sans crash pad, entouré de figures emblématiques, bien avant que la forêt soit chamboulée. À une époque où l'on pouvait encore grimper le dimanche en se sentant seul au monde. En dix ans, Philippe a vu la pratique de l'escalade se développer de plus en plus. Il a observé une féminisation grandissante des grimpeurs, elles qui "mettent à l’amende les grimpeurs qui ne jurent que par la force".


Les femmes, dit Philippe, ont apporté un regard nouveau, une pratique plus en souplesse, plus déliée. Elles ont fait leur trou là où il y a encore quelques années, elles n’étaient que spectatrices ou accompagnatrices.

Vite, y retourner

Au bout d’une heure ou deux, la fatigue commence à se faire sentir. *Mon pied dérape, mon épaule frotte contre la roche et ma cheville marque quelques signes de faiblesse.


Tout indique qu’il est peut-être temps de mettre fin à cette initiation. Pourtant, j’ai du mal à renoncer. Je n'ai pas envie de rentrer.


Passer l’après-midi dehors après des mois à zigzaguer entre les gouttes, c'est comme retrouver son souffle après une longue apnée. Le vert est là, à portée de main, prêt à éclore et à faire oublier tout ce gris.


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Le dos chauffé par le soleil, tout semblait à nouveau possible, tout paraissait réalisable. Mais la douceur de cette journée a fini par retomber. Alors, lentement, on a plié bagage et remis nos chaussures.


On se dit au revoir sur le parking, un au revoir saturé de gratitude et de promesses de récidive. Je bénis l’enthousiasme impulsif du matin même et referme doucement la porte sur cette journée sans heures.

L'odeur de grès et de la forêt

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De retour à Fontainebleau, je retourne à la boutique rendre les chaussons. Je souris en attrapant la prise installée sur la porte en guise de poignée. Le loueur me demande si je me suis "régalée".


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En souriant, je lui montre mon épaule, ma petite blessure de guerre, signe que j’ai éprouvé mon corps et que ça n'a pas été de tout repos.


Il me répond que ma blessure a la forme d’un cœur et je crois qu’il n’aurait pu me faire plus grand plaisir. Je rentre chez moi avec cette marque rouge tatouée sur mon épaule et sur les mains, l’odeur du grès et de la forêt. Mais surtout, avec l’envie furieuse de très vite recommencer.


Je sais que, le lendemain, j’aurais des courbatures et j’en suis presque impatiente. J'ai besoin de me souvenir que mon corps peut faire preuve de ressources insoupçonnées et qu’il suffisait de s’y frotter pour en être persuadée.

Encore + de nature ?
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Meet Sandra Jacques - À propos de l'auteur

Enseignante pendant 13 ans, Sandra Jacques s’est formée à la rédaction en même temps qu'elle a commencé à documenter ses voyages en solo à vélo.

Depuis, elle rédige des articles pour plusieurs magazines spécialisés dans le cycling, mais aussi le runnign et le fitness.

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