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Jonathan Labarre, aventurier et conférencier : « L'aventure, c'est la promesse du plaisir dans l'inconfort »

14 févr. 2024

4 min

Par Frédérique Josse

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Le Petit Récap' - L'article en Bref 🟠

À bien des égards, il ressemble à un chat. Il a eu mille vies, toujours autour du sport et de la survie. Il aime la nuit, surtout quand il est à vélo et qu'il fait moins 25. Si d'apparence, on le croit sauvage, il est au contraire sociable. Dernier critère et non des moindres : il cultive son âme d'explorateur. Rencontre avec Jonathan Labarre, un aventurier et conférencier qui prône la recherche de l'inconfort !

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L'aventure, c'est la promesse du plaisir dans l'inconfort

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_L'une des spécialités de Jonathan, la cascade sur glace ©️ Alex Buisse



Hello Jonathan ! Tu n’échapperas pas au fameux curriculum vitae 😂 ? Pourrais-tu te présenter rapidement s'il te plaît ?


Je m'appelle donc en effet Jonathan, j'ai 30 ans, et j'ai eu pas mal d’expériences professionnelles différentes : dans l’armée, comme manager chez Décathlon, sapeur-pompier puis responsable de formation. Finalement, j’ai commencé l’alpinisme avec le rêve de devenir guide de haute montagne.

C'est cette dernière formation qui m'a amenée, en 2021, à vouloir devenir aventurier professionnel.

Mon ambition, aujourd'hui, c’est de vivre de mes expéditions, en créant du contenu à ce sujet, pour des marques, mais aussi en proposant des conférences, des ateliers, des cours de survie...



D'où vient cette envie un peu utopique ?


D'abord d'un besoin de sens. Pour y répondre, il me fallait obligatoirement conjuguer travail et passion. L'aventure en pleine nature me fait vibrer, pour son aspect sportif et le dépassement de soi.

Ma première claque a été la lecture du livre " L'Antarctique, le rêve d'une vie", de l'explorateur-aventurier suisse et sud-africain Mike Horn, en 2018.

Quand je l'ai lu, je me suis dit : "Ok, c'est ça que je veux faire". Dans la foulée, j’ai lu tous ses ouvrages... puis une quantité de livres incroyables sur l'environnement polaire, notamment de Børge Ousland, le légendaire explorateur norvégien ou encore d'Alban Michon, notre explorateur polaire français, spécialiste de la plongée extrême. Cet environnement me fascinait plus que jamais. Je voulais absolument découvrir ce que ça faisait d’être tout seul au milieu de la nature, sans ressources extérieures.


« Ce qui me fait peur, c'est de faire un métier que je n'aime pas »


Tu n'as pas peur de cet environnement hostile ?


Tu sais, la peur est propre à chacun. Moi, ce qui me fait peur, c'est d'être enfermé dans un métier que je n'aime pas. Ça me ferait mourir à petit feu, de voir ma vie défiler comme ça.

En montagne, j’ai eu quelques frayeurs, des montées d’adrénaline, ou des moments de stress. Mais c’est exactement ce que tu viens chercher quand tu es aventurier. Ce que tu veux, précisément, c’est chatouiller ta zone de confort.



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Seul au monde, au contact de cette nature glacée qui l'ennivre ©pihoqahiak



Comment combats-tu tes peurs ?


En montagne, j’ai atteint un bon niveau, mais j’ai longtemps eu peur du vide. Je n'étais pas capable, au début, d'être à 3 mètres au-dessus du sol, j’étais terrifié. J'ai mis un an à combattre ça. J'y suis allé mètre après mètre. J'ai commencé par l'escalade, à 5 mètres, puis à 10 mètres de hauteur. Avec la répétition, j'ai fini par me sentir à l'aise. C'est difficile, mais il faut vaincre le mal par le mal. Ensuite, j’étais devenu capable de grimper des parois de plusieurs centaines de mètres.



Quelle a été ta plus belle aventure ?


La première fois que je suis parti seul parcourir l'Europe à vélo. Ce genre de voyage te laisse le temps d'être à la fois dans l’effort, mais aussi l'inconfort, c'est un mélange de souffrance, de plaisir et de joie. C'est méditatif. Tu te retrouves seul avec tes pensées et ça te fait beaucoup réfléchir sur toi-même. J'ai beaucoup évolué pendant cette aventure. J’ai vraiment adoré être dehors durant quatre mois.




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Lors de son premier voyage à vélo, pour parcourir l'Europe ©pihoqahiak



Comment as-tu vécu ton retour à la réalité ?


Il m'a fallu quelques mois pour me réhabituer à dormir dans un vrai lit, dans une maison, avec des gens. J’avais trouvé un boulot saisonnier pour huit mois, mais au bout de trois, je n'en pouvais déjà plus !



Tu n'as pas peur d'être marginalisé de la société ?


Non, on est tous différents, c’est précisément ça qui est intéressant. Inutile de vouloir ressembler à tout le monde. Et puis, je ne suis, de fait, clairement pas marginalisé. J’ai conservé tout mon cercle social, je vois des gens tout le temps, je fais plein de choses.

Je préfère juste vivre un peu plus loin du centre-ville et aller moins dans les magasins qu’avant.

Je crois qu'au contraire, je tisse des liens très forts. La preuve, c'est que j'ai même rencontré ma copine lors de mon voyage à vélo, en Europe. C'était 15 jours avant la fin, mais on a gardé contact, en se disant qu'on ne se reverrait jamais. Chose improbable, on m'a proposé du travail, quelques semaines plus tard, dans la même ville où elle vivait, en Norvège.

On est très vite partis tous les deux en expédition. Kari était psychothérapeute, mais rêvait de vivre différemment. Nous partageons la même passion pour l'aventure et la nature.


« Quand tu pars à deux, tu ne gères pas tes peurs de la même manière . Mais tu dois t'adapter au rythme de l'autre »



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Avec sa compagne, Kari, pendant l'une de leurs expéditions ©pihoqahiak



Qu'est-ce qui change quand on est deux à partir à l'aventure ?


On ne gère pas du tout ses peurs de la même manière. On sait qu'on a toujours l’autre pour nous rassurer. Tu n'as pas non plus le même rythme, alors tu dois aussi t'adapter à l’autre. C'est beaucoup plus confortable, car tu partages tout avec l'autre.



Justement, cette traversée de l'Europe à vélo, peux-tu nous la raconter ?



Je me préparais pour le probatoire du diplôme de guide en haute montagne, au cours duquel j’ai eu quatre « accidents », notamment en cascade de glace, car la glace s'effondrait. Honnêtement, j’ai de la chance d’être encore en vie.

Mon mental en a pris un sacré coup et j'ai eu besoin de me reposer. Un jour, je suis tombé sur le reportage d'un allemand qui avait fait le tour du monde à vélo Pédal the world. Ça m'a donné envie de parcourir l'Europe.

À la fin de l'été 2021, je suis parti parcourir 7200 km sans vraiment suivre un parcours, en faisant plein de détours. C'était magique, de rencontres humaines et de paysages.

Je suis passé par la Suisse, la France, le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Danemark, la Suède, pour arriver en Norvège.

Arrivé à Stockholm, début octobre, ma mère m'a rejoint le temps d'un week-end, pour me ramener mon équipement hivernal, car je voulais traverser la Norvège l’hiver. Les nuits étaient de plus en plus froides (jusqu'à moins 25), les jours se raccourcissaient. À la fin, c'était la nuit H24. J'ai adoré.



« Aujourd'hui, tout nous est servi sur un plateau . Mais le propre d’un être humain, c'est de s'adapter, d'apprendre, de découvrir »


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Le bivouak sur glace, sublime non ? ©pihoqahiak



Qu'est-ce qui a été compliqué lors de ce voyage ?


Le froid ! Il a fait jusqu'à moins 25°. Rapidement, il faisait nuit H24 et je n'avais plus le soleil pour me réchauffer. J’ai souffert d'engelures au pied, c'était très dur moralement et à la fin du voyage, je me demandais souvent si je devais arrêter ou continuer.

J'avais un bon équipement, une super tente. Je faisais fondre la neige pour avoir de l’eau. Je m'organisais pour manger mes 6000 calories par jour, avec de la nourriture lyophilisée, des barres de céréales, et je rajoutais du beurre pour avoir du gras supplémentaire.

J'avais une organisation militaire, mais c'était parfois difficile. Certaines semaines, lorsque je roulais depuis 10 jours, je ne trouvais plus de motivation. Je n'avais plus envie de me lever le matin et de suivre cette discipline.

Mais en dehors de ces moments rudes, c’est un univers que j’adore. Je trouvais ça magique de rouler à travers ces paysages.



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On s'ambiance en forêt ! ©pihoqahiak


As-tu une anecdote particulière à raconter sur ce voyage ?

Quand je suis arrivé à Oslo, il faisait nuit. J'ai sorti mon téléphone pour chercher par où passer. J'ai aperçu un homme d'une cinquantaine d'années qui me fixait. Il ne parlait pas anglais, mais il voulait vraiment communiquer. Il me demandait de le suivre. J'avais confiance, mais j'avais une petite appréhension, parce que l’environnement n'était pas super rassurant. Il m'a montré sa voiture. Il m'a amené dans une pizzeria, il est allé au comptoir. Le serveur nous a apporté deux bières. Je le sentais content d'être avec là. Il m'a dit au revoir, merci. Et il m'a laissé seul avec ma pizza ! J’avais les larmes aux yeux de cette gentillesse gratuite.


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On sent que ça commence à cailler sévère Jonathan... ©pihoqahiak


« Il y a 15 ans, il y avait les neiges éternelles à partir de 2800m, même l’été. Aujourd'hui, il n'y en a plus du tout ».



Tu dis souvent, en interview, que "tu vis ta meilleure vie". Pourquoi ?


Aujourd'hui, tout nous est servi sur un plateau. Mais le propre d’un être humain, c'est de s'adapter, d'apprendre, de découvrir, l’autre, la planète. Nous vivons dans un endroit merveilleux où il y a tant de choses à découvrir. Ce contact avec la nature aide à éveiller les consciences sur la planète. Renouer avec la nature, c'est s'offrir la promesse de trouver du plaisir dans l'inconfort. L'esprit divague, on débranche notre cerveau et on trouve des réponses à pas mal de ces questionnements qui envahissent notre esprit...



Est-ce lors de tes expéditions que tu as pris conscience du changement climatique ?


Oui clairement. Les Pyrénées, où j’ai grandi, surtout. Il y a 15 ans, il y avait les neiges éternelles à partir de 2800 mètres, même l'été. Aujourd'hui, il n'y en a plus du tout, même à 3400 mètres d'altitude !

C'est triste. Je veux contribuer à protéger la nature, même si je n'ai pas toutes les clefs. Je n’ai pas ce discours écologique ou il faut tout changer, car je crois qu'il faut vivre avec son temps, mais on peut chacun mettre des actions en place : acheter moins et mieux, privilégier le vélo...

En termes d’actions par exemple, nous travaillons avec l’organisation EcoTree (gestion des forêts et biodiversité) : nous finançons la plantation d’arbres. Nous sommes déjà à 100 arbres plantés. Notre but est aussi d’offrir un arbre à chaque nouveau client.

Et puis, Kari et moi préparons l’exploration du deuxième plus grand plateau polaire de Norvège. Nous allons faire une traversée en autonomie totale pendant 15 jours au mois de février 2024. Notre but est de souligner l’importance de prendre soin des milieux polaires.


« Nos limites sont en constante évolution. Il faut les tester sans cesse pour connaître son point de bascule »



Comment sais-tu quelles sont tes limites ?


Elles sont en constante évolution. Il faut les expérimenter pour les connaitre et trouver son point de bascule. Petit à petit, à force de jouer avec ses limites, d'accepter la peur et l'inconfort, on dompte ses limites et on les repousse. Il faut se fixer des objectifs réalistes et les dépasser petit à petit, ça donne de la force.



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La magie des Aurores boréales opère toujours ©pihoqahiak

La minute culture de Jonathan Labarre

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Une musique pour les montées : S'amuser avec deux accords à la guitare


Une musique pour les descentes : Siffler ! Ça rend heureux 😁



Un livre pour comprendre le vélo : Je n'ai lu que des livres sur l’aventure en général. Mais le mieux est de ne pas se poser la question. Montez juste sur votre vélo et filez ! Et si vous avez vraiment besoin de conseils, regarder ma vidéo Gravel bikepacking - the perfect setup.

On vous a fait rêvé ?
Frédérique Josse-image

Meet Frédérique Josse - À propos de l'auteur

Chaque jour, j'essaie de comprendre comment évolue le tourisme. J'écris sur le tourisme durable, l'outdoor et l'économie circulaire.

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